Entretien avec Amado
Amado est pilote depuis 1992. Il a 44 ans, vit à Panama city et est papa de deux enfants. Il est
d’origine espagnole et amérindienne. Très sympa et très aimable, il s’est prêté pour nous au jeu des questions-réponses. Nous avons ainsi abordé ensemble le canal, les projets d’extension, mais
aussi l’environnement, la politique, la vie des Panaméens,… Voici un petit aperçu de notre entretien.
Manu : Quel est la physionomie du canal ?
Amado : Le canal fait une quarantaine de miles environ. De part et d’autre du canal, il y a 7 miles entre les bouées marines et l’entrée des écluses. La première écluse (côté Atlantique) est de 3 niveaux, les 2 premiers de 27 pieds et le troisième de 31 pieds. La distance qui sépare la première écluse de la suivante est de 28 miles, ce qui correspond à la traversée du lac. La seconde écluse ne présente qu’un niveau de 31 pieds. 1 mile plus loin se trouve la dernière écluse « Mira flores », de 2 niveaux de 27 pieds chacun.
Manu : Y a-t-il des travaux d’aménagement en cours ?
Amado : Oui, absolument. Il y a des travaux d’extension du canal. Il s’agit en fait de la création de nouvelles écluses et de nouveaux canaux plus grands, tout en conservant les écluses et les canaux actuels. L’objectif est d’accueillir de plus gros bateaux. Actuellement, les écluses mesurent 110 pieds de large sur 1000 de long. Le « Panamax » (cargo réalisé sur mesure par rapport au canal) mesure 965 pieds de long sur 106 de large, c'est-à-dire qu’il ne reste que 2 pieds de part et d’autre du bateau lorsqu’il est dans l’écluse !
Les prochaines écluses feront 130 pieds de large sur 1500 de long. La fin des travaux est prévue pour 2014, date anniversaire de l’ouverture du canal (1914).
Manu : Certains envisagent l’ouverture d’une route maritime au nord avec le réchauffement climatique. En parle t’on au Panama ?
Amado : Oui, mais les coûts de passage et les risques seront plus importants.
Manu : Y a-t-il une augmentation ou une diminution du trafic maritime ? La crise a-t-elle des répercussions sur ce trafic ?
Amado : Non, pour le moment le trafic reste le même. Il y a jusqu’à plus de quarante cargos qui transitent par le canal chaque jour, soit environ 1000 par mois.
Manu : Quel est le prix moyen de passage pour un cargo ?
Amado : Plus ou moins 100 000 $. Cela dépend de la taille et de la cargaison du navire. Le record est de 280 000 $ pour un ferry.
Manu : Est-ce que le canal bénéficie à l’ensemble de la population panaméenne ?
Amado : Oui. Le canal est géré par l’ACP (Autoridad del Canal de Panama) sous la tutelle de l’état. Il est 100% panaméen. Lorsque les américains sont partis en 1999, tout le monde émettait des doutes sur nos capacités à gérer le canal or en 5 ans, nous avons fait plus de bénéfice qu’en 90 ans de gestion américaine.
Manu : Il semble pourtant que le niveau de pauvreté est assez important. Nous sommes allés à Colon et avons constaté que les bâtiments étaient délabrés…
Amado : Colon est un cas particulier, les autres villes sont complètement différentes. La ville était déjà dans cet état sou l’ère américaine.
Manu : Quels sont les principaux usagers du canal ?
Amado : La Chine, les Etats-Unis, le Japon et le Chili.
Manu : Quelles sont les autres activités du Panama ?
Amado : L’économie du Panama est basée sur les services. Il y a bien sûr le canal mais également les services financiers. Panama city est une grande place financière. Il y a ensuite le tourisme. Les productions sont principalement destinées à la consommation locale. Le Panama commence juste à exporter des fruits (ananas) et des poulets.
Manu : Quel est le salaire moyen d’un panaméen ?
Amado : Il est de 300 dollars. La retraite est à 62 ans pour les hommes, plus tôt pour les femmes. Les retraités perçoivent 60 % de leur salaire. Ils ne paient que 50 % de leurs charges en eau et en électricité.
Manu : Nous avons aperçu en ville de nombreux panneaux de campagnes électorales ? Qu’en est-il ?
Amado : Il y a effectivement des élections dimanche prochain (3 mai). Toutes les élections sont regroupées un même jour, des municipales aux présidentielles. Il y a traditionnellement 2 partis qui s’opposent et convoitent la présidence. Tous les 5 ans, le pouvoir « change de main ». Cette alternance est spécifique au Panama. Cette année, il y a un nouveau parti, indépendant. Il y a donc en tout 3 candidats, un homme d’affaire (annoncé favori), une ingénieure en agriculture (parti indépendant) et un juriste.
